S'il y a bien un pays –
et c'est peut-être même le seul - où on nous aura découragé
d'aller, c'est bien le Vietnam ! Voyageurs, cyclistes,
expatriés... les échos allaient tous dans le même sens : « le
Vietnam n'a rien à voir avec le Laos, c'est un pays très bruyant,
aux paysages ravagées par la guerre et à la population peu
accueillante... Les gens sont froids et peu aimables... Ici au Laos
c'est le paradis, mais le Vietnam c'est l'enfer ! »...
On a tout de même décidé
d'y aller se faire notre propre idée, qui s'avère être, après 15
jours passés ici, très positive ! Comme quoi...
Ce qui est vrai c'est que
ces deux pays voisins sont très différents. Après avoir franchi la
frontière, comme par magie, les cahutes en bambou se transforment en
maisons de béton, et les forêts tropicales dense en plantations de
caféiers ou d’hévéa. Adieu les petites routes sans trafic :
nous voilà cernés par des centaines de scooters, frôlés par des
autobus qui se sont fait greffer des cornes de brume de
super-tanker : on en prend pleins les oreilles et le nez...
Au menu, toujours autant
de riz et de pho (soupe de nouilles de riz dans un bouillon,
agrémentée de fines tranches de viande), mais les accompagnements
sont plus variés (tofu, légumes sautés, rouleaux de printemps,
etc).
La culture bouddhiste est
beaucoup plus discrète ici : finies les processions matinales
de moines pour la cérémonie des offrandes, ici les temples sont
sous contrôle, les moines sont peu nombreux... et ces silhouettes
oranges au loin, ce sont bien des agents d'entretien de la route, des
vrais !
Les catholiques ne
comptent que pour 10% de la population, mais on leur trouve des
églises dans chaque petite ville, qui témoignent parfois du subtil
mélange des cultures au Vietnam : des drapeaux de prière sont
tendus en ribambelle jusqu'au sommet du clocher, devant lequel se
dresse un stupa blanc...
Agitation
Ici, les rues s'animent
dès le lever du jour, vers 5h30 : les marchands ouvrent leurs
rideaux et servent des cafés très serrés, les sportifs se mettent
à faire de la gymnastique ou du badminton, les gens viennent
s'asseoir sur des petites chaises en plastique dans la rue pour
descendre un bon bol de pho en guise de petit-déjeuner, et
les klaxons commencent à résonner !
Partout et à toute
heure, les rues sont un spectacle permanent, avec le ballet incessant
des scooters surchargés, la valse des marchands de rue et des
pousse-pousse, l'errance des handicapés qui harcèlent les passants
pour vendre des tickets de tombolas...
Hospitalité
Si au Laos ce sont les
petits enfants qui grouillent partout, ici ce sont les jeunes 20-30
ans, la génération d'après-guerre.
Au deuxième jour de
route dans le pays, Tin, 24 ans, du haut de son scooter, se rapproche
à la hauteur de Thomas pour lui demander dans un anglais impeccable
où est ce que nous nous dirigeons. Il va nous suivre ainsi, au
ralenti, pendant 40 km : ensemble on discute de son boulot
(apprenti hôtelier), de sa famille, de notre voyage, et il nous fait
visiter le coin. Nous sommes finalement invités chez ses parents,
dans la ville de Kontum.
Deux jours plus tard,
nous sommes à nouveau accueillis dans une famille, celle de Trang et
Djam, à Buan Ma Thuot : on apprécie beaucoup de retrouver ce
sens de l'hospitalité, et des gens qui parlent anglais... car,
mauvaise surprise, la langue vietnamienne est aussi dure que le
chinois ! On a beau essayer d'apprendre quelques phrases clés
ou même de prononcer simplement le nom des villes sur notre route,
on est bien rarement compris !
Musées communistes
« Les forces
patriotes du Vietnam ont lutté très courageusement pendant de
longues années pour repousser l'envahisseur français qui
martyrisait les populations, puis pour chasser les américains et les
traîtres à la solde des capitalistes ». Voici le résumé que
l'on pourrait faire en visitant les différents musées qui parlent
de la guerre, à Saigon ou dans les petites villes des montagnes
(très bon musée à Buan Mua Thuot)...
La vérité est bien sûre
plus complexe... Il n'empêche que les visites que nous faisons nous
rappellent comment la guerre, il y a quarante ans, a profondément
marqué le pays...
Après avoir découvert
au Laos les horreurs causées par
les bombes à sous-munition américaines, nous voilà initiés
aux ravages du napalm et de l'agent orange, une dioxine inventée par
Monsanto et bombardée comme défoliant sur les forêts du Vietnam
pour débusquer la guérilla Viet-Cong. On peut voir à Saigon une
galerie de portraits des victimes de l'agent orange, ça ressemble
étrangement à des déformations de visages sous photoshop, sauf que
c'est bien réel et que ça fait froid dans le dos...
La mer de Chine : demi-tour !
Depuis la frontière
laotienne, nous pédalons ainsi 4 jours durant dans les montagnes du
centre Vietnam, en nous aidant parfois d'un coup de bus quand le
trafic devient trop insupportable, et que les cuisses ou le moral
nous lâchent...
Après Dalat, petit écrin
dans les montagnes envahi par les touristes vietnamiens, nous mettons
cap à l'est, dévalons 1000 m de dénivelé, et nous retrouvons sur
les rives de la Mer de Chine, avec 10°C de plus et la ligne immuable
de l'horizon marin. En trempant nos roues dans le grand océan, on
réalise brusquement qu'on est parvenus à l'autre bout du continent.
Nous avons vu Venise,
Dubrovnik, Istanbul, Isfahan, Samarcande, Kashgar et Luang Prabang...
Sur des ponts ou des bateaux, nous avons franchi le détroit du
Bosphore, le Tigre et l'Euphrate, l'Amou-Darya, le Yangtsé et le
Mekong.
Et c'est ainsi que, en 10
mois et 13 000 kilomètres, aidés parfois du bus ou du train, nous
avons rallié la Bretagne au Vietnam, la Manche à la Mer de Chine...
Notre sentiment ? Ben, euh... ça fait du bien de se baigner
dans les vagues !
On a surtout le sentiment
d'avoir la mémoire saturée, le disque dur plein. Et plus l'énergie
suffisante pour réapprendre une langue de plus ou pour nous
intéresser au moindre détail de la vie et de la culture qui nous
entoure... Il est temps de rebrousser chemin !
Ho-Chi-Minh Ville, le
début de la fin ?
Après une journée sur
la plage, nous sautons dans un bus de nuit pour arriver à Saigon,
capitale du Sud-Vietnam, au petit matin. A la sortie de la gare
routière à 6 heures du matin, l'ambiance est frénétique :
nous sommes dans une des artères qui conduit au centre-ville, et les
scooters naviguent par centaines au coude à coude, se faufilent,
klaxonnent, zigzaguent pour gagner une place au feu rouge... on se
glisse dans le flot, et tout se passe bien !
Nous restons 3 jours,
logés chez des amis, expatriés ici depuis 2 ans : comme
d'habitude, un peu de confort sédentaire nous fait du bien !
Olivier et Sabrina s'intéressent à notre voyage, alors on
s'entraîne pour le retour en montrant une petite sélection de nos
photos (200 parmi les 7000 que l'on a !) : on se souvient de
beaucoup de belles choses, les anecdotes reviennent petit a petit...
On avait prévu, depuis
Ho-Chi-Minh, d'expédier nos vélos jusqu'en France, puis de rentrer
en France « tranquillement », ou en tout cas lentement,
par voie ferroviaire. Renseignement pris, voilà ce que cela aurait
donné : Ho-Chi-Minh – Saigon : 33 heures de train ;
Saigon – Pékin : 42h ; Pékin – Moscou : 139h ;
Moscou – St Pétersbourg : 4h30 ; St Pétersbourg –
Berlin : 57h ; Berlin – Paris : 14h. Total :
288 heures de train, en deuxième ou troisième classe bien sûr,
pour une ambiance chaleureuse et pour que le coût reste
raisonnable... Hum, 1260 € par personne tout de même. Plus le
rapatriement de nos petits vélos par DHL, sans doute hors de prix...
Finalement, peu motivés
à s'enfermer pendant des jours entiers dans des compartiments bondés
après tout ce temps en plein air, nous avons échafaudé un plan B :
nous pédalerons jusqu'à Bangkok, en Thailande, d'où nous nous
envolerons le 18 janvier sur Turkish Airlines, avec nos petits vélos
dans la soute. Destination Lisbonne, via Istanbul (qui, ça tombe
bien, restera peut-être notre escale préférée de tout le
voyage !).
Nous resterons quelques
jours à Lisbonne chez la sœur de Thomas, puis remonterons en selle
pour rentrer en Bretagne, et boucler la boucle. Nous vous donnerons
bientôt tout plein de détails sur le trajet retour en France ;
en attendant, si vous avez des contacts au Portugal, dans le
Nord-Ouest de l'Espagne, et dans l'Ouest de la France... on est
preneurs !!!
Tout plat
D'ici là, il nous faut
donc rallier Bangkok... Sur notre carte, on voit déjà que le delta
du Mekong est plat, et a un réseau routier bien plus dense qu'au
centre. Une fois sur place, on se rend compte qu'on est arrivés dans
une zone très peuplée. Et pour cause, ici tout pousse: des
grandes rizières à perte de vue, des fruits exotiques à gogo, et
des petits pêcheurs partout.
D'une ville du delta à
l'autre, les routes sont assez passantes ; on pourrait passer
des heures a aller dans les petites ribines qui ne sont pas
sur notre carte, mais il y a des croisements tous les 2 km, sans
jamais de pancarte... et ce qui est intéressant dans le delta, ce
sont surtout les petits canaux : on se laisse donc tenter par
des bouts de trajet en barque dans le dédale des canaux, des marchés
et des villages flottants... L'ambiance donne l'impression d'être
sur une île !
Noël
au Vietnam, Pâques en Bretagne !
Cette année nous
n'aurons pas vu venir Noël : le soleil brille, les températures
oscillent entre 30 et 40 degrés, les jours sont longs et surtout, il
n'y a ni guirlandes lumineuses dans les rues, ni frénésie dans les
magasins... « Noël, c'est surtout pour les touristes. Ici
la grande fête, c'est le Tet (le nouvel an vietnamien) »,
nous dira un vieux grand père francophone...
Le soir du réveillon,
nous logeons chez l'habitant. Le dîner qu'on nous sert est digne
d'un vrai repas de fête : soupe de légumes, poisson tilipia
grillé, rôti de porc, rouleaux de printemps, riz, patates douces
sautées et ananas. Le tout arrosé d'un petit bordeaux acheté à
Saigon. On s'est régalé, même si la famille nous a beaucoup
manqué...
Nous passons par Sa-Dec,
ville où Marguerite Duras passa son enfance, et arrivons à
Chau-Doc, à l'extrémité occidentale du delta. Nous en repartons
demain, en bateau, pour remonter le Mekong jusqu'à Pnomh Penh, au
Cambodge...
Nous vous souhaitons à
tous de très bonnes fêtes et une heureuse année; pour nous le compte à rebours a
commencé avant le retour en Europe : J-25... on a hâte !
Et, bien sûr, voici une petite sélection de photos :
De Kontum à Phan-Rang
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Ho-Chi-Minh Ville
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Le delta du Mekong
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8 commentaires:
magnifique voyage !!!
et .....
Bonne Année à vélo !!!!!
Bonnée année 2012 et à bientôt
pleins de bonnes choses a vous les copains pédaleurs pour ces journées 2012...
et pas de problème pour se rattraper, on pourra fêter le 1er de l'an au mois de juillet si vous voulez!!
revenez vite,
laitis et seb.
Coucou,
Bonne année 2012 à tous les 2 !! Profitez bien de votre périple et continuez d'emmagasiner d'incroyables souvenirs.
Joies, gaieté, rires, .... et vélo en perspective !!
Bloavezh mat evit 2012 !!
Fanch Cornic.
Une bonne année à vous et tout pleins de bonheur.
Plusieurs mois que je vous suis, et votre voyage et une vraie source d'inspiration.
belle écriture, belles photos et belles mentalités.
Bonne route, laquelle sera, j’espère, encore longue.
Ps : il faut avouer que je vous pique quelques photos et que je me suis librement inspiré de votre liste de matériel.
Clotaire ;)
Tres joli blog et tres belle equipe! C'est un plaisir de vous avoir rencontre au cafe!
Je recupere mon nouveau velo aujourd'hui et grace a vous, j'espere que ca va rouler sans torture maintenant. Ca va me manquer!
Un grand bravo a tous les 2!
Oh, et au cas ou je vous ai pas donne mon site: http://www.thesunshinequest.com/
Bonne route!!
Hello les amis !
J'vous souhaite plein de belles choses pour l'année 2012 ! Et puis on vous attend pour faire une grosse chouille ! Youpi, bientôt le retour ! Profitez tout de même de ces quelques jours en terres orientales !
Bisous
Erell, Fred et Thélo
la bonne année et profitez bien du reste du voyage.
tant de bambou! et pas une flute?
A très bientôt en Bretagne!
Pascal
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