dimanche 20 novembre 2011

Sous les tropiques !


Déjà plus de 10 000 km !
Une bonne centaine de kilomètres au sud de Shangri-La, sur une jolie petite route bordée de rizières en terrasses menant au pied des gorges du Tigre, notre compteur se met à changer de dizaine... Et oui, ça y est , déjà 10 000 kilomètres de parcourus !
Et nous n'en n'avons pas encore marre, loin de là ! Plus nous roulons, plus nous prenons du plaisir à être sur nos bicyclettes... La preuve, plutôt que de prendre un bus, nous avons préféré forcer un peu plus sur nos gambettes ces deux dernières semaines en roulant plus de 100km par jour, pour atteindre la frontière Chine-Laos à temps et faire une transition en douceur entre les hautes montagnes tibétaines et les denses forêts tropicales... Finalement, nous voilà déjà à 11 000 !

Le petit monde des cyclistes
Après une demi-journée pluvieuse passée à siroter du thé dans un petit café de Dali, alors que nous nous apprêtons à rentrer tranquillement à l'auberge de jeunesse, qui voyons-nous arriver ? Serge, un cyclotouriste québécois avec qui nous avions roulé (et bien rigolé) en Croatie, lorsque Erell et Eloi étaient là. Nous nous étions dit : « à bientôt sûrement sur la route » car nous allions dans la même direction... et voilà finalement que 6 mois plus tard et 7000km plus loin, nous nous recroisons.
Nous passons donc une mémorable soirée de retrouvailles dans un bar où la bière artisanale coule à flot, et où des musiciens de flamenco mettent le feu. Cela faisait bien longtemps qu'on s'était pas réveillé avec la gueule de bois et la bouche pâteuse ! On repart dès le lendemain matin pour rouler ensemble quelques jours, de Dali jusqu'à Puer... pour s'apercevoir que, en quelques mois, nous avons fait nombre de connaissances communes sur la route : qu'il est petit, le monde des cyclistes sur les chemins de l'Asie !

Sous le soleil...
Voilà 9 mois que nous sommes sur la route et les jours de mauvais de temps se comptent sur les doigt d'une main (ou deux maximum). Nous avons quitté l'été au Kirghizstan où nous commencions à sentir les nuits se rafraîchir et, deux mois plus tard, hop, nous revoici sous le soleil ! Maintenant que nous avons franchi le tropique du cancer, adieu doudoune et grosses chaussettes, rebonjour au tee-shirt et à la crème solaire !

...et les bananiers
Après s'être émerveillés devant les rizières en terrasses si bien entretenues par les paysans du Yunnan, nous sommes époustouflés par les paysages tropicaux. Très rapidement, en descendant le long d'une longue vallée, on se retrouve à pédaler entre les cannes a sucre, les bananiers, les eucalyptus, les bougainvilliers et les forêts de bambous. Nous qui manquions de verdure il y a quelques mois, nous sommes servis !
Tout est nouveau : les différentes teintes vertes de la végétation tranchant avec le rouge bordeaux de la terre, les bruits des oiseaux et des insectes (nous cherchons toujours à voir celui qui imite la roulette du dentiste), et les odeurs (parfois fleuries, parfois un peu moins avec les nombreuses décharges à ciel ouvert).
Alors, à ceux qui nous font saliver en nous parlant de soupe de potiron, de raclette et de crumble aux pommes, nous pouvons maintenant les faire rêver de sieste dans un hamac à l'ombre d'un bananier !

Déchargement immédiat
Avec cette perspective de beau temps, nous avons décidé de faire un colis pour la France avec nos affaires chaudes : doudounes, gants, collants, etc. Et tant qu'à faire, nous renvoyons aussi tente et duvet car d'après de nombreux cyclistes, il est difficile de camper en Asie du Sud Est. Entre rizières inondées, zones minées ou habitées par des serpents, il semble compliqué de trouver des petits coins de paradis pour bivouaquer. C'est avec un petit pincement au cœur que nous disons au-revoir à notre « maison »...
A Jinghong, nous voilà donc déchargés de 12,5 kilos : nous quitterons la Chine avec deux sacoches avant en moins, légers comme l'air !


De effervescence chinoise à la tranquillité du Laos
On ne s'attendait pas à un tel changement derrière la frontière du Laos : cela fait plusieurs jours que nous roulons dans les forêts tropicales, que nous voyons les gens travailler dans les rizières ou les champs de bananiers, que les femmes portent le sarong, etc. Mais après quelques coups de pédales, on ressent rapidement le changement de niveau de vie.

Il y détails qui ne trompent pas. Les grandes maisons bien solides ont fait place à des petites bicoques en bambous sur pilotis. Ici la maison ne sert qu'à dormir, tout le reste se passe dehors, dans le village. Puisque l'eau courante n'arrive pas dans les maisons, on se douche et lave son linge à la rivière ou à la borne fontaine. On ne cuisine plus au gaz mais au feu de bois ou de charbon, et la nourriture n'est vraiment pas très variée : riz gluant ou nouilles de riz dans un bouillon d'herbes et de piment, parfois agrémentés d'un ou deux bout de viande. Dans les épiceries de villages, tout est en sachet individuel car les gens n'ont pas assez d’économies pour acheter en grande quantité : shampoing, lessive, biscuits secs...Vive les emballages !
Elise remarque de nombreuses similitudes avec la côte est de Madagascar, et notamment cette mentalité de chasseur-cueilleur. Il y a beaucoup moins de terrasses et de champs cultivés qu'au Yunnan, mais sur la route nous croisons hommes et enfants partant dans la foret avec leur serpette et leur panier pour ramasser ce qu'ils trouveront ou chasser les animaux sauvages. On a même vu quelqu'un rentrer avec une loutre et des petits oiseaux.. miam, miam !
Une chose est sûre, la Chine nous manquera pour sa cuisine. Nous nous y sommes toujours régalés dans les boui-bouis de bord de route, où l'on nous servait de délicieux plats de légumes frais (aubergines, courgettes, champignons..) cuisinés au wok et assaisonnés de gingembre, d'ail ou d’épices.

Sur la route nationale, plus d'enfants et de cyclos que de camions !
Autre signe important de la baisse du niveau de vie : le nombre de voitures. Nous roulons depuis 400km sur LA route nationale desservant le pays du nord au sud et pourtant, nous croisons seulement une vingtaine de véhicules par jour ! Par contre, il y a au moins deux fois plus de petits scooters, de vélos et... de piétons.
Dans chaque village, des dizaines d'enfants accourent vers la route pour nous lancer un grand « Sabaidi » ou « Bye-Bye » et nous taper dans la main. On voit bien qu'ils sont de grands habitués des cyclotouristes, très nombreux a parcourir la seule route goudronnée du pays.

Nous voilà maintenant à Luang-Prabang, ville bordant le Mékong et classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Nous allons prendre 2 ou 3 jours de repos ici, visiter quelques-uns des nombreux monastères bouddhistes et profiter des petits déjeuners à la baguette fraîche et au nutella. Malheureusement nous n'avons pas encore trouvé de beurre salé mais c'est déjà un vrai régal !

Les photos du Yunnan (dernière province au Sud de la Chine), et les (premières) photos du Laos :

20111116 - China 7 Yunnan

20111119 - Laos 1 Boten LuangPrabang

dimanche 6 novembre 2011

Un petit flirt avec le Tibet


Les frontières du Tibet sont actuellement, pour des raisons politiques, fermées aux étrangers en dehors de circuits touristiques organisés. Pas de permis pour le Tibet pour les voyageurs indépendants donc... et a fortiori pour des cyclistes, par définition libres comme l'air !
Mais, sans franchir les frontières du Tibet administratif, on peut facilement s'immerger dans sa culture et ses paysages en sillonnant les confins des provinces voisines du Sichuan et du Yunnan, majoritairement peuplés de tibétains.

Kangding, les préliminaires
Kangding, où nous arrivons à vélo le 21 octobre, n'est « qu'à » 2500 m d'altitude. Il y a encore des grands immeubles dans le centre, mais la ville dégage déjà pour nous les premiers effluves du Tibet : les ponts sont couverts de drapeaux colorés qui battent au vent, et on repère déjà dans les rues des moines en robe rouge et orange, et des paysans à l'allure montagnarde. Leurs faciès rappellent à Thomas les indiens quechua du Pérou : chapeaux en feutre, chaussures de cuir, enveloppés dans une sorte de large toge brune, les pommettes rouges et les visages profondément marqués par le soleil et l'altitude. C'est ici que nous visitons notre premier monastère bouddhiste tibétain, magnifique bâtisse en bois pleine de couleurs et de vie...
Il ne fait déjà plus très chaud ici, alors on apprécie les doudounes et les grosses paires de chaussettes tout en se demandant qu'est-ce-qu'il en sera 2000 mètres plus haut...

L'approche en bus
La route pour Litang est en travaux sur 290 kilomètres, ce qui rend la chaussée bien pire qu'une mauvaise piste. Nous embarquons donc dans un bus pour un trajet de 12 heures, de col en col, à plus de 4000 mètres d'altitude, sur une chaussée défoncée par de récentes coulées de boues et par des travaux sans queue ni tête. De plus une petite tempête de neige balaie les hauts cols que nous traversons... par la fenêtre, on aperçoit un cycliste dans l'autre sens : ben nous, on ne regrette pas d'être dans le bus !
Les maisons chinoises en toits de pagode ont brutalement fait place à de belles bâtisses tibétaines, aux murs en pierre et aux toits plats. Chaque col est signalé par un stupa (sanctuaire), et par des ribambelles de drapeaux de prière : les tibétains croient qu'une prière s'envole chaque fois qu'un drapeau claque au vent.
Le bus frôle régulièrement les à-pics, et le chauffeur semble prendre un malin plaisir à dépasser les poids lourds par l'extérieur dans des virages sans visibilité... mais on vous épargnera ici le récit classique des voyages en bus dans les montagnes du bout du monde ! On arrive finalement à Litang sans pépin notoire (ce qui est rare pour ce genre de trajet) en fin d'après-midi.

Litang, le passage à l'acte
Litang s'étend paisiblement à 4000 mètres d'altitude. En s'éloignant un peu du centre-ville, en remontant vers les faubourgs Nord, on arrive au cœur d'un vrai petit village tibétain : maisons en pisé aux fenêtres joliment encadrées, ornées de longues ribambelles de drapeaux colorés. Plus haut se dresse une lamaserie richement décorée, où défilent hommes et femmes recueillis, mais souriants : ils suivent une sorte de chemin de croix en faisant tourner sur leur passage les moulins à prière disposés en allée tout autour du temple. Certains récitent à haute voix d'un ton monocorde les mantras (prières).
Lafuma fabrique d'excellentes polaires rouges et North Face de très seyantes vestes oranges, ce qui fait que nous croisons plusieurs moines habillés comme des alpinistes, bien protégés du froid qui règne à cette altitude, tout en respectant le code couleur du bouddhisme tibétain ! C'est un spectacle assez amusant...
Nous nous attardons avec un groupe d'hommes assis au pied d'un stupa brillant de blancheur, qui discutent tranquillement tout en faisant tourner leur mini-moulin à prière portatif. Premiers mots de tibétain soufflés par notre petit guide, succès garanti... Quelle joie de retrouver ce plaisir simple, celui de discuter avec les locaux...

Cyclo-rencontre
A l'auberge où nous logeons, nous rencontrons quatre joyeux suisses aux noms en S : Steve et Sarah, et Sacha et Simone. Tous les quatre voyagent aussi à vélo, depuis Istanbul pour les uns, Pékin pour les autres. Et tous les quatre vont dans la même direction que nous : le Sud de la Chine, puis le Laos.
Ce soir là, autour d'une bonne fondue sichuanaise (légumes, fruits de mer et morceaux de viande pris à la baguette, et saisis dans une bassine d'huile pimentée bouillante encastrée dans la table), on discute avec ardeur de nos tentes, de nos tapis de sol, de nos réchauds... bref, de matos et de pépins techniques. Une vraie conversation de cyclos ! Et puis tiens, pourquoi ne prendrions-nous pas la route ensemble jusque Shangri La, à 450 km d'ici ? Voilà une idée séduisante pour nous qui appréhendions un peu ce premier trajet en haute montagne... En selle !

Très longues ascensions
La route de Shangri La est une succession ininterrompue de longues ascensions (10,20,30 km), de hauts cols, et de grandes descentes. Pendant 8 jours, les cols se suivent et ne se ressemblent pas : petit col noyé dans une forêt touffue, ou haut col perché sur une crête désertique, balayé par un vent glacial ; col plat ou col pointu ; col orné de drapeaux ou flanqué d'un stupa...
Lorsqu'on arrive en haut, on s'attend tous les six, on crie de joie et on se congratule mutuellement, on grignote des biscuits secs, on se change pour enfiler la tenue de descente (doudoune, sur-chaussures et cagoule...), et surtout, on sacrifie à la tradition locale en jetant au vent des petits papiers de prière : instants magiques immortalisés au retardateur...
Nous traversons des hauts plateaux rocailleux désertiques, jonchés de flaques tourbeuses, peuplés de cailloux et de yaks ; puis des vallées forestières que l'automne gagne peu à peu : les versants verdoyants se colorent d'or et de bordeaux, et les feuilles volent sur notre passage.
Peu avant le col de Tuer, on dépasse des ouvriers allongés par terre, occupés à creuser des trous sur le bord de la route avec des outils ridicules (une louche ficelée sur un bâton avec du fil de fer) afin de pouvoir y enfoncer des poteaux. Il doit faire en dessous de 0°C, et ils sont une douzaine à s'affairer là, hommes, femmes, et même un gamin de 5 ou 6 ans qui attend à côté...
Le trafic est faible, quasi-nul : une dizaine de camions dans la journée, des minibus de temps à autre, et des 4x4 flambant neufs de touristes chinois qui s'arrêtent rarement, préfèrent tendre l'appareil photo par la fenêtre pour immortaliser le paysage, ou même nous prendre en photo nous, ces écervelés d'européens qui préférons parcourir la route à vélo...

Vélo, vélo, dodo
Le soir, on s'arrête dormir, souvent pour bivouaquer, à des altitudes où le mercure ne monte pas bien haut. On partage nos bons petits plats et on se réchauffe autour d'un feu, pour tenir – tant bien que mal - jusqu'à 20h ou 21h... Au réveil il fait souvent -5°C ou -10°C, et l'eau a gelé dans les gourdes et les vaches à eau...
A deux reprises nous sommes accueillis dans des villages et logés chez des familles tibétaines : l'occasion de découvrir l'intérieur de ces splendides maisons de bois et de terre, aux poutres massives mais très finement sculptées et colorées. 3 générations partagent le même toit, plus les animaux au rez-de-chaussée ; on vit au premier étage dans de vastes et hautes pièces sobrement meublées.
Un soir, juste derrière un col à 4300 m, nous nous arrêtons dans une baraque de cantonniers, et passons la nuit tous les six dans une pièce qui semble servir à la fois de bureau, de garage pour les motos et de poulailler.
Dans les descentes au petit matin, alors que le soleil est encore caché derrière un versant, les mains et les pieds deviennent vite quatre glaçons ; quand le soleil arrive enfin et déverse sa bienfaisante chaleur sur nos extrémités congelées, on ressent ces terribles picotements qui marquent le retour de la circulation : aïe aïe aïe, ça fait très mal !

Six fois plus motivés !
Ces quelques jours partagés avec d'autres cyclistes nous permettent de confronter nos habitudes quotidiennes, nos petits trucs et astuces, notre rythme, nos goûts et... nos biscuits !.
On est pas forcément les plus rapides à vélo, en revanche on décolle particulièrement vite le matin : en 1h30 on est prêts à décaler d'un bivouac, voire 1h si il n'y a pas la tente et les duvets à plier... Dans le jargon, nous sommes des « early starters » ! Par ailleurs, on préfère toujours les campagnes habitées aux grands espaces désertiques, et les hébergements chez l'habitant aux bivouacs sauvages. Et puis, bien sûr, nous sommes aussi des voyageurs plutôt légers par rapport à la moyenne, omnibulés qu'on est par le moindre kilogramme gagné !
Partager la route à 6, c'est adapter son rythme et ses habitudes pour que le groupe fonctionne. Pas forcément facile à chaque fois ! On aurait peut être préféré déjeuner ici, bivouaquer là-bas, s'arrêter plus tard, partir un peu plus tôt ou rester faire une pause ici. C'est un excellent exercice de vie, qui nous fait beaucoup réfléchir sur notre tolérance, notre esprit d'équipe...
Mais c'est surtout une super motiv' pour avancer et tracer la route dans des conditions pas faciles tous les jours... Alors merci à vous les p'tits suisses, c'était vraiment cool !

28 ans au Tibet
30 octobre, 7:00 (Beijing Time) : ce matin là, il y a 4 compagnons de route à me souhaiter mon anniversaire, en plus d'Elise... ça c'est gentil ! Nous partageons une assiette de biscuits d'anniversaire pour le petit déjeuner, puis prenons la route. Après avoir franchi notre dernier col à 4000, nous attaquons une descente sur de la mauvaise piste. Depuis hier nous avons quitté le bitume et roulons sur un mélange de terre, de sable et de cailloux. La descente secoue, fait mal aux dos et aux poignets... jusqu'à ce que, au bout de 10 km, surprise... voilà du bitume ! Il ne nous quittera plus jusqu'à Shangri La. Pour mon anniversaire, la Chine m'offre 110 km d'asphalte, non prévus au programme. Vraiment, c'est trop gentil, fallait pas !
Le soir, nous fêtons tout cela autour d'un bon feu, dans une petite cabane de berger, avec bières, cacahuètes, et une bouteille de vin rouge chinois transportée en cachette dans les sacoches de Simone.

Epilogue
Enfin, après huit jours de vélo, 250 km et 14 cols (dont 8 à plus de 4000m), nous arrivons enfin dans la ville de Shangri La, aux portes du Yunnan. Banques, supermarchés, magasins de sport et douche chaude... c'est un peu le retour à la civilisation !
La vieille ville a été envahie par le tourisme, bourrée d'échoppes à souvenir (queue de yak, corne de yak, peau de yak...), de magasins d'équipement de randonnée, et de restaurants proposant des « traditional tibetan food ». C'est dans un de ces restos, au demeurant fort sympathique, que ce soir là nous fêtons tous les six la fin de notre périple commun. On est sans doute en manque de protéines alors on se rattrape allègrement : steak de yak, pizza au yak, burger au yak... une vraie petite orgie !

Nos jours en Chine sont comptés et nous ne restons donc qu'une nuit à Shangri La, pour reprendre la route du Sud. Direction les tropiques, mais avant ça les mecques touristiques de Lijiang et Dali... La suite au prochain numéro !
Les photos :

20111024 - China 5 Kangding Litang

20111101 - China 6 Litang ShangriLa
Vous y verrez le monastère de Kangding, la route de Litang en autocar, la lamasserie et le marché de Litang, les paysages, les habitants et les bivouacs sur la route de Shangri La, les photos déjantées en haut des cols... Merci aux petits suisses photographes qui nous ont permis d'avoir quelques photos... de nous !

mercredi 2 novembre 2011

Pouet-Pouet !

Voilà deux semaines que nous n'avons pas pédalé, nous sommes très impatients de retrouver nos petits vélos qui ont été acheminés par le train jusqu'à Chengdu. Petite appréhension avant d'arriver à la gare : sont-ils bien là ? Ont-ils été abîmés pendant le transport ? Heureusement, aucun bobo à signaler. Nous voilà donc parés à parcourir les campagnes chinoises.

Choisir sa route
Depuis le début du voyage, nous prenons beaucoup de plaisir à étaler nos grandes cartes routières, à rester des dizaines de minutes pour décrypter le relief, calculer les kilomètres, et choisir finalement notre route en s'aidant du guide de voyage et des bons conseils qu'on nous donne.. Ayant souvent les mêmes envies tous les deux, le choix se fait toujours assez rapidement.

Mais en Chine, c'est une autre histoire ! Le pays est tellement immense que de multiples itinéraires sont possibles. A Chengdu, nous passons donc de longues heures à retourner la carte dans tous les sens. Finalement, après de longues réflexions, nous décidons de partir plein Ouest, grimper sur les hauteurs des plateaux himalayens, et redescendre ensuite vers la région du Yunnan, puis le Laos.

Une fois cela décidé, nous apprenons que la route est peut être fermée aux étrangers. Une petite pêche aux informations sur internet et quelques coups de téléphone à des agences de voyage locales, nous voilà rassurés : la route est ré-ouverte. On espère avoir fait le bon choix !

Dans un concert de klaxons
C'est à Chengdu, ville de 4 millions d'habitants, que nous découvrons les joies de la circulation chinoise. Dans la plupart des rues, une voie est réservée aux innombrables deux-roues, mais on est pas tranquilles pour autant ! Chacun se concentre sur ce qu'il a devant lui, sans se préoccuper de ce qui se passe derrière... Autant vous dire que nous avons le droit à de magnifiques queues de poisson et refus de priorité.

Mais l'important en Chine, c'est d'avoir un klaxon très puissant, et de le faire entendre ! Le concert permanent de klaxons des pousse-pousse, des scooters, des taxis et des autobus nous tape sérieusement sur le système... Nous pensons y échapper en quittant la ville, mais que de naïveté ! Même sur les petites routes, les autocars et les poids lourds prennent toujours soin de nous avertir de leur arrivée imminente par une dizaine de coups de pouet-pouet à air comprimé à vous vriller les tympans...C'est décidé, on roule avec des bouchons dans les oreilles !

La ville à n'en plus finir...
La Chine, 15% de la population mondiale, se siffle chaque année la moitié du béton produit dans le monde. Durant les 40 heures de train séparant Shanghai de Chengdu, nous avons vu que tous les paysages urbains sont hérissés de grues qui travaillent à la construction de nouveaux immeubles, de nouveaux gratte-ciels. De la fenêtre de l'appartement où nous sommes logés à Chengdu, on peut compter pas moins de 60 grues ! Les villes poussent en tous sens.

Du haut de nos petits vélos, nous ne pouvons que continuer à observer ce développement urbain un peu fou : pendant plusieurs dizaines de kilomètres après Chengdu, l'habitat s’étend sans discontinuité et tout ce qui a attrait au passé est détruit.

Nous sommes impressionnés de voir que sur notre carte, le moindre petit point s’avère en fait être une ville de plus de 10 000 habitants. Dans les zones plus rurales, ce sont des usines qui sont implantées ça et là, laissant finalement très peu de place a l'agriculture. Mais comment ce pays arrive t-il à nourrir sa population ?

L'indifférence
De la Bretagne jusqu'au Kirghizstan, les gens ont toujours répondu à nos salutations par un geste de la main, un grand sourire, voire même parfois par une invitation à prendre le thé ou à venir discuter. Pour nous c’était quelque chose d'universel.

Ici, nous avons beau lancer un dynamique 'Ni Hao' (bonjour) et agiter la main aux gens que l'on croise sur le bord de la route, la plupart ne répondent pas et détournent le regard. Nous voilà bien déboussolés ! Nous nous rendons compte qu'ici nous ne suscitons ni intérêt, ni admiration. La curiosité des personnes nous a parfois fatigué, et voilà maintenant qu'elle nous manque cruellement.

La plupart des chinois que nous « rencontrons » croient que nous parlons couramment leur langue. Au restaurant, on nous tend systématiquement la carte en chinois, sans autre commentaire. Quand on essaie de faire une phrase, il n'y en pas un qui nous dirait "ah c'est bien, tu essaies d'apprendre le chinois !".

Histoire d'intonations
Pourtant, la langue chinoise sera, et de loin, la plus difficile que l'on ai rencontré. Chaque syllabe peut se prononcer de 4 manières différentes suivant l'intonation qu'on lui donne. Par exemple le mot 'xian' signifie 'délicieux' mais aussi 'trop salé'. Mieux vaut donc ne pas se tromper si l'on veut complimenter les cuisiniers (et il y a souvent de quoi, car même dans les plus petits boui-boui de bord de route, on se régale à tous les repas !)

Nous essayons quelques phrases mais elles ne sont que très rarement saisies. Plusieurs fois, des chinois ont à leur tour essayé de nous parler et voyant que nous ne comprenions pas du tout, ils nous l’écrivaient en chinois sur un bout de papier. Nous voilà bien avancés !

En effet, les chinois écrivent avec des idéogrammes. Un écolier commence à les apprendre à 5-6 ans mais ne peut lire des livres simples qu’après 4 ou 5 ans d'apprentissage : le temps d'avoir assimilé les 3 à 4000 principaux signes.

En tout cas cela nous fait beaucoup rigoler lorsque, arrivés à une intersection, nous essayons de retrouver la suite d’idéogrammes identique entre notre atlas routier chinois et les panneaux indicateurs : « Tu vois une arête de poison, suivi d'un autobus avec 3 antennes sur le toit puis un X avec des poils partout ? »


Avec la Chine, nous voilà donc au plein cœur de ce que peut réserver un voyage : la surprise de découvrir une culture complètement différente, d'essayer de la comprendre et de s'y acclimater.

Photos

Vous trouverez ici quelques photos de Chengdu (un temple taoïste, un temple bouddhiste, et... des pandas super mignons, enfermés dans un centre de reproduction en captivité), de Leshan (le grand Buddha de 71m, et un autre temple bouddhiste), puis de la route parcourue jusqu'à Kangding. Remarquez la veste bleue marine que portent les anciens, elle était distribuée partout en Chine sous le régime de Mao...

http://www.dropbox.com/gallery/22924853/2/PhotosBlog%20NE%20PAS%20SUPPRIMER/20111025-China2?h=de49b8


1er Novembre, à Sangri-La
Cet article, assez négatif, date d'il y a deux semaines. Depuis nous avons découvert une autre facette beaucoup plus séduisante de la Chine: des paysages préservés, de magnifiques monastères bouddhistes, des petites routes peu empruntées et surtout, une population tibétaine très souriante. Nous avons même été accueillis plusieurs fois dans des familles... Mais, gardons un peu de suspense : la suite au prochain article !