mardi 26 juillet 2011

Chaleureuse anatolie

4h32 du matin. Le chant du muezzin annonce le lever du jour. Dans quelques heures le soleil brillera et nous fera transpirer. Rouler à la fraîche est tellement agréable que nous faisons comme les locaux : nous nous levons. Vive les vacances nous dit Luc !

Nous quittons le village où nous avons passé la nuit aux cotés des troupeaux de vaches et de leur berger qui les mènent paître dans les montagnes. Les couleurs, les sons et les odeurs de l'aurore sont un vrai plaisir.

Pour les premières vacances cyclistes de Luc, le parcours n'est pas de tout repos. Depuis la Cappadoce, nous roulons par monts et vallons dans une suite ininterrompue de grandes collines à la végétation brûlée par le soleil.  Y vivre semble tellement rude qu'entre les villages, séparés de 10, 20, parfois 30 km, nous traversons des zones désertes.


11h21. Il fait déjà 40 degrés. Nous nous arrêtons dès le prochain village. Les hommes assis à la terrasse de la maison de thé du village sont curieux de savoir d'où l'on vient et où l'on va... Ils nous invitent à nous asseoir et nous offrent un thé. Les enfants arrivent alors en courant  en criant « tourist, tourist ! » et forment un attroupement autour de nos bicyclettes : « what is your name ? », un petit coup sur les klaxons, un tâtonnement de la selle, un coup d’œil sur le compteur....tout est intéressant pour eux. Il faut souvent s'armer d'une grande patience avant qu'ils nous laissent tranquilles !

Chacun notre tour nous allons nous rafraîchir à la fontaine d'ablution de la mosquée (où les musulmans se lavent les pieds, les bras, la tête et la nuque avant d'aller prier). Ce midi nous avons trouvé de quoi nous faire du riz et de la ratatouille à la supérette du village.
Nos pauses de midi ont plutôt l'allure de journée de repos dans une journée de vélo puisque nous ne reprenons la route qu'une fois la température redescendue, c'est à dire vers 18h. C'est l'occasion pour faire une sieste, bouquiner, écrire ou apprendre quelques mots de kurde.



18h06. Les hommes qui étaient au café à 11h sont toujours là ! Ils se sont éclipsés seulement pour aller prier. Après un au-revoir chaleureux, nous remontons sur nos  vélos pour une vingtaine de km en plus.
Ce soir nous demanderons au « muhtar » (le maire) du village où est ce que nous pourrons dormir. A peine avons nous fini notre phrase qu'il nous invite chez lui. Après avoir enlevé nos chaussures, nous rentrons dans le  grand salon recouvert de tapis et meublé seulement de quelques canapés. On nous présente alors toute la famille : femme, enfants mais aussi neveux, nièces, cousins, parents....Même si nous expliquons que nous avons ce qu'il faut pour manger dans nos sacoches, nos hôtes veulent absolument nous offrir à manger et se plient en quatre pour nous recevoir.

Élise demande alors à donner un coup de main pour la préparation du repas : un moment privilégié pour échanger avec les femmes. En effet, dans les rues, nous les voyons très peu car la  plupart d'entre elles travaillent à la maison (fabrication du pain, traite des vaches, jardinage, ménage, préparation des repas..). Si nous n'avons pas pu directement parler avec elles du port du foulard, nous avons observé que la   grande majorité de la gente féminine le porte, certaines même pendant la nuit !
En ville, il est toujours étonnant de voir l'apparente complicité de celles en mini-jupe et débardeur et de celles en imperméable long et voilées. Aujourd'hui le foulard est devenu un accessoire de mode que les jeunes assortissent avec goût à leur tenue et sac à main. Grâce à la lecture d'un livre d'Orhan Pamuk, nous avons compris la complexité du sujet : si elles ne portent rien sur la tête, certaines femmes ont l'impression de se balader nues dans la rue, d’être provocatrices. Mais jusqu'à maintenant Élise n'a jamais été incitée à porter le foulard mis à part dans les mosquées.

22h37. Après avoir partagé le repas en compagnie du maître de maison (et seulement lui !), nous nous installons sur le toit de la maison, reconverti en chambre pour la période chaude. Et voilà, encore une journée de plus passée en Turquie !

Voici donc le récit d'une journée « banale » en Anatolie, vécue en compagnie de Luc qui  a parcouru 800km avec nous, ainsi que d'autres cyclos français croisés sur notre route : Damien, un solitaire en vélo couché parti de Bourges pour la Mongolie ; et Claire et Jean, un couple en tandem parti de Saint Nazaire, avec plus ou moins la même destination que nous.

Un vrai plaisir de rouler en peloton, de pouvoir partager ensemble nos impressions et nos émotions. Nous sommes arrivés à Van il y a 2 jours, et le peloton s'est progressivement désintégré : Damien est reparti vers l’Arménie avec un collègue ; Jean et Claire ont pris le train pour l'Iran ; et Luc a pris l'avion cet après-midi pour Istanbul puis Paris. Dommage que le tour de France soit terminé car il est bien entraîné maintenant !

Il ne reste plus que nous ici, sniff... Une fois que nous aurons récupéré nos visas à Erzurum, nous passerons en Iran. Étant donné les températures, le temps imparti pour traverser le pays, et le fait que nous tombons en plein ramadan, nous avons décidé de faire prendre quelques vacances à nos vélos : nous circulerons donc en autobus et en train, pour aller visiter les grandes cités perses, où nous serons hébergés chez des familles que nous avons contacté d'avance. Au programme : Tabriz, Keshan, Espahan, Yazd, Shiraz et Maashad... Ayant déjà nos visas turkmènes et ouzbèkes en poche, on s’épargne le « détour » par Téhéran. Nous avons hâte d'aller découvrir de l’intérieur ce fabuleux et mystérieux pays...

2 commentaires:

Am a dit…

Belle fonctionnalite que cette nouvelle facon de voir vos photos, tip top! Et j'imagine le plaisir qu'a du etre la visite du frere d'Elise! A quand les frerots Laporte sur la route? :)
Bises a vous et bonne continuation!
Amelie

Erinc a dit…

Hey!
I was trying to find you and finally I found your blog =)
This is Erinc. Do you remember? We met after the ferry on Karakoy! I was with Damien (A Turkish friend of him).

After you, I told your story to my all close friends. Because you really inspired me. After you I plan to go to Iran! You both are really important models for me.

I want to follow your all road memories on here. if you have e-mail and facebook addresses please write me!

I hope everything is perfect for you!
Keep in touch take care and good luck! =)

Erinc