lundi 26 décembre 2011

Etonnant Vietnam

On nous avait dit...

S'il y a bien un pays – et c'est peut-être même le seul - où on nous aura découragé d'aller, c'est bien le Vietnam ! Voyageurs, cyclistes, expatriés... les échos allaient tous dans le même sens : « le Vietnam n'a rien à voir avec le Laos, c'est un pays très bruyant, aux paysages ravagées par la guerre et à la population peu accueillante... Les gens sont froids et peu aimables... Ici au Laos c'est le paradis, mais le Vietnam c'est l'enfer ! »...
On a tout de même décidé d'y aller se faire notre propre idée, qui s'avère être, après 15 jours passés ici, très positive ! Comme quoi...

Ce qui est vrai c'est que ces deux pays voisins sont très différents. Après avoir franchi la frontière, comme par magie, les cahutes en bambou se transforment en maisons de béton, et les forêts tropicales dense en plantations de caféiers ou d’hévéa. Adieu les petites routes sans trafic : nous voilà cernés par des centaines de scooters, frôlés par des autobus qui se sont fait greffer des cornes de brume de super-tanker : on en prend pleins les oreilles et le nez...
Au menu, toujours autant de riz et de pho (soupe de nouilles de riz dans un bouillon, agrémentée de fines tranches de viande), mais les accompagnements sont plus variés (tofu, légumes sautés, rouleaux de printemps, etc).

La culture bouddhiste est beaucoup plus discrète ici : finies les processions matinales de moines pour la cérémonie des offrandes, ici les temples sont sous contrôle, les moines sont peu nombreux... et ces silhouettes oranges au loin, ce sont bien des agents d'entretien de la route, des vrais !
Les catholiques ne comptent que pour 10% de la population, mais on leur trouve des églises dans chaque petite ville, qui témoignent parfois du subtil mélange des cultures au Vietnam : des drapeaux de prière sont tendus en ribambelle jusqu'au sommet du clocher, devant lequel se dresse un stupa blanc...

Agitation
Ici, les rues s'animent dès le lever du jour, vers 5h30 : les marchands ouvrent leurs rideaux et servent des cafés très serrés, les sportifs se mettent à faire de la gymnastique ou du badminton, les gens viennent s'asseoir sur des petites chaises en plastique dans la rue pour descendre un bon bol de pho en guise de petit-déjeuner, et les klaxons commencent à résonner !
Partout et à toute heure, les rues sont un spectacle permanent, avec le ballet incessant des scooters surchargés, la valse des marchands de rue et des pousse-pousse, l'errance des handicapés qui harcèlent les passants pour vendre des tickets de tombolas...

Hospitalité
Si au Laos ce sont les petits enfants qui grouillent partout, ici ce sont les jeunes 20-30 ans, la génération d'après-guerre.
Au deuxième jour de route dans le pays, Tin, 24 ans, du haut de son scooter, se rapproche à la hauteur de Thomas pour lui demander dans un anglais impeccable où est ce que nous nous dirigeons. Il va nous suivre ainsi, au ralenti, pendant 40 km : ensemble on discute de son boulot (apprenti hôtelier), de sa famille, de notre voyage, et il nous fait visiter le coin. Nous sommes finalement invités chez ses parents, dans la ville de Kontum.
Deux jours plus tard, nous sommes à nouveau accueillis dans une famille, celle de Trang et Djam, à Buan Ma Thuot : on apprécie beaucoup de retrouver ce sens de l'hospitalité, et des gens qui parlent anglais... car, mauvaise surprise, la langue vietnamienne est aussi dure que le chinois ! On a beau essayer d'apprendre quelques phrases clés ou même de prononcer simplement le nom des villes sur notre route, on est bien rarement compris !

Musées communistes
« Les forces patriotes du Vietnam ont lutté très courageusement pendant de longues années pour repousser l'envahisseur français qui martyrisait les populations, puis pour chasser les américains et les traîtres à la solde des capitalistes ». Voici le résumé que l'on pourrait faire en visitant les différents musées qui parlent de la guerre, à Saigon ou dans les petites villes des montagnes (très bon musée à Buan Mua Thuot)...
La vérité est bien sûre plus complexe... Il n'empêche que les visites que nous faisons nous rappellent comment la guerre, il y a quarante ans, a profondément marqué le pays...
Après avoir découvert au Laos les horreurs causées par les bombes à sous-munition américaines, nous voilà initiés aux ravages du napalm et de l'agent orange, une dioxine inventée par Monsanto et bombardée comme défoliant sur les forêts du Vietnam pour débusquer la guérilla Viet-Cong. On peut voir à Saigon une galerie de portraits des victimes de l'agent orange, ça ressemble étrangement à des déformations de visages sous photoshop, sauf que c'est bien réel et que ça fait froid dans le dos...

La mer de Chine : demi-tour !
Depuis la frontière laotienne, nous pédalons ainsi 4 jours durant dans les montagnes du centre Vietnam, en nous aidant parfois d'un coup de bus quand le trafic devient trop insupportable, et que les cuisses ou le moral nous lâchent...
Après Dalat, petit écrin dans les montagnes envahi par les touristes vietnamiens, nous mettons cap à l'est, dévalons 1000 m de dénivelé, et nous retrouvons sur les rives de la Mer de Chine, avec 10°C de plus et la ligne immuable de l'horizon marin. En trempant nos roues dans le grand océan, on réalise brusquement qu'on est parvenus à l'autre bout du continent.
Nous avons vu Venise, Dubrovnik, Istanbul, Isfahan, Samarcande, Kashgar et Luang Prabang... Sur des ponts ou des bateaux, nous avons franchi le détroit du Bosphore, le Tigre et l'Euphrate, l'Amou-Darya, le Yangtsé et le Mekong.
Et c'est ainsi que, en 10 mois et 13 000 kilomètres, aidés parfois du bus ou du train, nous avons rallié la Bretagne au Vietnam, la Manche à la Mer de Chine... Notre sentiment ? Ben, euh... ça fait du bien de se baigner dans les vagues !
On a surtout le sentiment d'avoir la mémoire saturée, le disque dur plein. Et plus l'énergie suffisante pour réapprendre une langue de plus ou pour nous intéresser au moindre détail de la vie et de la culture qui nous entoure... Il est temps de rebrousser chemin !

Ho-Chi-Minh Ville, le début de la fin ?
Après une journée sur la plage, nous sautons dans un bus de nuit pour arriver à Saigon, capitale du Sud-Vietnam, au petit matin. A la sortie de la gare routière à 6 heures du matin, l'ambiance est frénétique : nous sommes dans une des artères qui conduit au centre-ville, et les scooters naviguent par centaines au coude à coude, se faufilent, klaxonnent, zigzaguent pour gagner une place au feu rouge... on se glisse dans le flot, et tout se passe bien !
Nous restons 3 jours, logés chez des amis, expatriés ici depuis 2 ans : comme d'habitude, un peu de confort sédentaire nous fait du bien ! Olivier et Sabrina s'intéressent à notre voyage, alors on s'entraîne pour le retour en montrant une petite sélection de nos photos (200 parmi les 7000 que l'on a !) : on se souvient de beaucoup de belles choses, les anecdotes reviennent petit a petit...

On avait prévu, depuis Ho-Chi-Minh, d'expédier nos vélos jusqu'en France, puis de rentrer en France « tranquillement », ou en tout cas lentement, par voie ferroviaire. Renseignement pris, voilà ce que cela aurait donné : Ho-Chi-Minh – Saigon : 33 heures de train ; Saigon – Pékin : 42h ; Pékin – Moscou : 139h ; Moscou – St Pétersbourg : 4h30 ; St Pétersbourg – Berlin : 57h ; Berlin – Paris : 14h. Total : 288 heures de train, en deuxième ou troisième classe bien sûr, pour une ambiance chaleureuse et pour que le coût reste raisonnable... Hum, 1260 € par personne tout de même. Plus le rapatriement de nos petits vélos par DHL, sans doute hors de prix...
Finalement, peu motivés à s'enfermer pendant des jours entiers dans des compartiments bondés après tout ce temps en plein air, nous avons échafaudé un plan B : nous pédalerons jusqu'à Bangkok, en Thailande, d'où nous nous envolerons le 18 janvier sur Turkish Airlines, avec nos petits vélos dans la soute. Destination Lisbonne, via Istanbul (qui, ça tombe bien, restera peut-être notre escale préférée de tout le voyage !).
Nous resterons quelques jours à Lisbonne chez la sœur de Thomas, puis remonterons en selle pour rentrer en Bretagne, et boucler la boucle. Nous vous donnerons bientôt tout plein de détails sur le trajet retour en France ; en attendant, si vous avez des contacts au Portugal, dans le Nord-Ouest de l'Espagne, et dans l'Ouest de la France... on est preneurs !!!

Tout plat
D'ici là, il nous faut donc rallier Bangkok... Sur notre carte, on voit déjà que le delta du Mekong est plat, et a un réseau routier bien plus dense qu'au centre. Une fois sur place, on se rend compte qu'on est arrivés dans une zone très peuplée. Et pour cause, ici tout pousse: des grandes rizières à perte de vue, des fruits exotiques à gogo, et des petits pêcheurs partout.

D'une ville du delta à l'autre, les routes sont assez passantes ; on pourrait passer des heures a aller dans les petites ribines qui ne sont pas sur notre carte, mais il y a des croisements tous les 2 km, sans jamais de pancarte... et ce qui est intéressant dans le delta, ce sont surtout les petits canaux : on se laisse donc tenter par des bouts de trajet en barque dans le dédale des canaux, des marchés et des villages flottants... L'ambiance donne l'impression d'être sur une île !

Noël au Vietnam, Pâques en Bretagne !
Cette année nous n'aurons pas vu venir Noël : le soleil brille, les températures oscillent entre 30 et 40 degrés, les jours sont longs et surtout, il n'y a ni guirlandes lumineuses dans les rues, ni frénésie dans les magasins... « Noël, c'est surtout pour les touristes. Ici la grande fête, c'est le Tet (le nouvel an vietnamien) », nous dira un vieux grand père francophone...
Le soir du réveillon, nous logeons chez l'habitant. Le dîner qu'on nous sert est digne d'un vrai repas de fête : soupe de légumes, poisson tilipia grillé, rôti de porc, rouleaux de printemps, riz, patates douces sautées et ananas. Le tout arrosé d'un petit bordeaux acheté à Saigon. On s'est régalé, même si la famille nous a beaucoup manqué...
Nous passons par Sa-Dec, ville où Marguerite Duras passa son enfance, et arrivons à Chau-Doc, à l'extrémité occidentale du delta. Nous en repartons demain, en bateau, pour remonter le Mekong jusqu'à Pnomh Penh, au Cambodge...

Nous vous souhaitons à tous de très bonnes fêtes et une heureuse année; pour nous le compte à rebours a commencé avant le retour en Europe : J-25... on a hâte !

Et, bien sûr, voici une petite sélection de photos :
De Kontum à Phan-Rang
Ho-Chi-Minh Ville
Le delta du Mekong
20111219 - Vietnam 1
20111222 - Vietnam 2 Ho Chi Minh Ville
20111226 - Vietnam 3 Delta du Mekong

8 commentaires:

philippe du Mans a dit…

magnifique voyage !!!
et .....
Bonne Année à vélo !!!!!

alain a dit…

Bonnée année 2012 et à bientôt

laitis et seb a dit…

pleins de bonnes choses a vous les copains pédaleurs pour ces journées 2012...
et pas de problème pour se rattraper, on pourra fêter le 1er de l'an au mois de juillet si vous voulez!!
revenez vite,
laitis et seb.

Fanch a dit…

Coucou,

Bonne année 2012 à tous les 2 !! Profitez bien de votre périple et continuez d'emmagasiner d'incroyables souvenirs.

Joies, gaieté, rires, .... et vélo en perspective !!

Bloavezh mat evit 2012 !!

Fanch Cornic.

Clô a dit…

Une bonne année à vous et tout pleins de bonheur.

Plusieurs mois que je vous suis, et votre voyage et une vraie source d'inspiration.

belle écriture, belles photos et belles mentalités.

Bonne route, laquelle sera, j’espère, encore longue.

Ps : il faut avouer que je vous pique quelques photos et que je me suis librement inspiré de votre liste de matériel.

Clotaire ;)

Olivier Kerebel a dit…

Tres joli blog et tres belle equipe! C'est un plaisir de vous avoir rencontre au cafe!
Je recupere mon nouveau velo aujourd'hui et grace a vous, j'espere que ca va rouler sans torture maintenant. Ca va me manquer!

Un grand bravo a tous les 2!

Oh, et au cas ou je vous ai pas donne mon site: http://www.thesunshinequest.com/

Bonne route!!

Erell, Fred et Thélo a dit…

Hello les amis !

J'vous souhaite plein de belles choses pour l'année 2012 ! Et puis on vous attend pour faire une grosse chouille ! Youpi, bientôt le retour ! Profitez tout de même de ces quelques jours en terres orientales !
Bisous
Erell, Fred et Thélo

Anonyme a dit…

la bonne année et profitez bien du reste du voyage.
tant de bambou! et pas une flute?

A très bientôt en Bretagne!
Pascal