dimanche 20 novembre 2011

Sous les tropiques !


Déjà plus de 10 000 km !
Une bonne centaine de kilomètres au sud de Shangri-La, sur une jolie petite route bordée de rizières en terrasses menant au pied des gorges du Tigre, notre compteur se met à changer de dizaine... Et oui, ça y est , déjà 10 000 kilomètres de parcourus !
Et nous n'en n'avons pas encore marre, loin de là ! Plus nous roulons, plus nous prenons du plaisir à être sur nos bicyclettes... La preuve, plutôt que de prendre un bus, nous avons préféré forcer un peu plus sur nos gambettes ces deux dernières semaines en roulant plus de 100km par jour, pour atteindre la frontière Chine-Laos à temps et faire une transition en douceur entre les hautes montagnes tibétaines et les denses forêts tropicales... Finalement, nous voilà déjà à 11 000 !

Le petit monde des cyclistes
Après une demi-journée pluvieuse passée à siroter du thé dans un petit café de Dali, alors que nous nous apprêtons à rentrer tranquillement à l'auberge de jeunesse, qui voyons-nous arriver ? Serge, un cyclotouriste québécois avec qui nous avions roulé (et bien rigolé) en Croatie, lorsque Erell et Eloi étaient là. Nous nous étions dit : « à bientôt sûrement sur la route » car nous allions dans la même direction... et voilà finalement que 6 mois plus tard et 7000km plus loin, nous nous recroisons.
Nous passons donc une mémorable soirée de retrouvailles dans un bar où la bière artisanale coule à flot, et où des musiciens de flamenco mettent le feu. Cela faisait bien longtemps qu'on s'était pas réveillé avec la gueule de bois et la bouche pâteuse ! On repart dès le lendemain matin pour rouler ensemble quelques jours, de Dali jusqu'à Puer... pour s'apercevoir que, en quelques mois, nous avons fait nombre de connaissances communes sur la route : qu'il est petit, le monde des cyclistes sur les chemins de l'Asie !

Sous le soleil...
Voilà 9 mois que nous sommes sur la route et les jours de mauvais de temps se comptent sur les doigt d'une main (ou deux maximum). Nous avons quitté l'été au Kirghizstan où nous commencions à sentir les nuits se rafraîchir et, deux mois plus tard, hop, nous revoici sous le soleil ! Maintenant que nous avons franchi le tropique du cancer, adieu doudoune et grosses chaussettes, rebonjour au tee-shirt et à la crème solaire !

...et les bananiers
Après s'être émerveillés devant les rizières en terrasses si bien entretenues par les paysans du Yunnan, nous sommes époustouflés par les paysages tropicaux. Très rapidement, en descendant le long d'une longue vallée, on se retrouve à pédaler entre les cannes a sucre, les bananiers, les eucalyptus, les bougainvilliers et les forêts de bambous. Nous qui manquions de verdure il y a quelques mois, nous sommes servis !
Tout est nouveau : les différentes teintes vertes de la végétation tranchant avec le rouge bordeaux de la terre, les bruits des oiseaux et des insectes (nous cherchons toujours à voir celui qui imite la roulette du dentiste), et les odeurs (parfois fleuries, parfois un peu moins avec les nombreuses décharges à ciel ouvert).
Alors, à ceux qui nous font saliver en nous parlant de soupe de potiron, de raclette et de crumble aux pommes, nous pouvons maintenant les faire rêver de sieste dans un hamac à l'ombre d'un bananier !

Déchargement immédiat
Avec cette perspective de beau temps, nous avons décidé de faire un colis pour la France avec nos affaires chaudes : doudounes, gants, collants, etc. Et tant qu'à faire, nous renvoyons aussi tente et duvet car d'après de nombreux cyclistes, il est difficile de camper en Asie du Sud Est. Entre rizières inondées, zones minées ou habitées par des serpents, il semble compliqué de trouver des petits coins de paradis pour bivouaquer. C'est avec un petit pincement au cœur que nous disons au-revoir à notre « maison »...
A Jinghong, nous voilà donc déchargés de 12,5 kilos : nous quitterons la Chine avec deux sacoches avant en moins, légers comme l'air !


De effervescence chinoise à la tranquillité du Laos
On ne s'attendait pas à un tel changement derrière la frontière du Laos : cela fait plusieurs jours que nous roulons dans les forêts tropicales, que nous voyons les gens travailler dans les rizières ou les champs de bananiers, que les femmes portent le sarong, etc. Mais après quelques coups de pédales, on ressent rapidement le changement de niveau de vie.

Il y détails qui ne trompent pas. Les grandes maisons bien solides ont fait place à des petites bicoques en bambous sur pilotis. Ici la maison ne sert qu'à dormir, tout le reste se passe dehors, dans le village. Puisque l'eau courante n'arrive pas dans les maisons, on se douche et lave son linge à la rivière ou à la borne fontaine. On ne cuisine plus au gaz mais au feu de bois ou de charbon, et la nourriture n'est vraiment pas très variée : riz gluant ou nouilles de riz dans un bouillon d'herbes et de piment, parfois agrémentés d'un ou deux bout de viande. Dans les épiceries de villages, tout est en sachet individuel car les gens n'ont pas assez d’économies pour acheter en grande quantité : shampoing, lessive, biscuits secs...Vive les emballages !
Elise remarque de nombreuses similitudes avec la côte est de Madagascar, et notamment cette mentalité de chasseur-cueilleur. Il y a beaucoup moins de terrasses et de champs cultivés qu'au Yunnan, mais sur la route nous croisons hommes et enfants partant dans la foret avec leur serpette et leur panier pour ramasser ce qu'ils trouveront ou chasser les animaux sauvages. On a même vu quelqu'un rentrer avec une loutre et des petits oiseaux.. miam, miam !
Une chose est sûre, la Chine nous manquera pour sa cuisine. Nous nous y sommes toujours régalés dans les boui-bouis de bord de route, où l'on nous servait de délicieux plats de légumes frais (aubergines, courgettes, champignons..) cuisinés au wok et assaisonnés de gingembre, d'ail ou d’épices.

Sur la route nationale, plus d'enfants et de cyclos que de camions !
Autre signe important de la baisse du niveau de vie : le nombre de voitures. Nous roulons depuis 400km sur LA route nationale desservant le pays du nord au sud et pourtant, nous croisons seulement une vingtaine de véhicules par jour ! Par contre, il y a au moins deux fois plus de petits scooters, de vélos et... de piétons.
Dans chaque village, des dizaines d'enfants accourent vers la route pour nous lancer un grand « Sabaidi » ou « Bye-Bye » et nous taper dans la main. On voit bien qu'ils sont de grands habitués des cyclotouristes, très nombreux a parcourir la seule route goudronnée du pays.

Nous voilà maintenant à Luang-Prabang, ville bordant le Mékong et classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Nous allons prendre 2 ou 3 jours de repos ici, visiter quelques-uns des nombreux monastères bouddhistes et profiter des petits déjeuners à la baguette fraîche et au nutella. Malheureusement nous n'avons pas encore trouvé de beurre salé mais c'est déjà un vrai régal !

Les photos du Yunnan (dernière province au Sud de la Chine), et les (premières) photos du Laos :

20111116 - China 7 Yunnan

20111119 - Laos 1 Boten LuangPrabang

7 commentaires:

laitis et seb a dit…

Puisque vous nous faites voyager, on veut bien manger le beurre salé pour vous......
Continuez!!!!!!!

Gwenn des Loges a dit…

que de chemin vous avez parcouru depuis notre rencontre et le déménagement épique sur le tarmac de Lannion!!! Voilà un périple unique et merveilleux que vous faites-là, une belle aventure humaine, un blog extra, de superbes photos, GO ON!!!!!!

gum a dit…

Bonjour de St Brieuc,
Une étrange impression d'un autre univers de temps, d'espaces, de distances, de cultures après l'exploration de vos 2 derniers mois du Kirghisistan au Laos.
E Le 21 janvier au festival CCI, je croiserai d'autres cyclistes revenus de leurs périples.
Ici, une projet d'habitat passif et participatif; une Enercoop Bretagne pour 2012.
Mes souhaits d'émerveillement au Laos, Cambodge Vietnam.
Guy

Am a dit…

Voilà, je suis à jour! Ravie de l'être et encore plus de tomber sur votre arrivée au Laos apr une partie de ce pays que je n'ai pu aller voir.
Mention spéciale à vos portraits de locaux, très beaux.
Bises à tous les 2!
Am

alain a dit…

Content de vous retrouver en forme.

Tudual a dit…

Merci de nous faire voyager ! c'est magnifique...

Anonyme a dit…

bonjour vous deux

quelle est belle la jeunesse !
continuez de nous faire rêver et merci de partager vos aventures avec tellement de générosité

alors...dur dur le réveil des soirées québécoises !!!

bises